A History of Fake Things on the Internet

« People are turning to alternative forms of expression like memes to make legitimate critiques that they no longer can in public spaces in the physical world. »

Lecture ce weekend de A History of Fake Things on the Internet, un tout récent livre de Walter J. Scheirer.

Hacker devenu Professor of Engineering à l’Université Notre Dame, Scheirer propose un travail d’archéologie numérique qui remonte aux origines d’Internet et explore les (sous-)cultures qui s’y sont développées. Il examine comment la désinformation a évolué, depuis les premiers BBS (Bulletin Board Systems) jusqu’aux deepfakes sophistiqués d’aujourd’hui.

Au-delà de la perspective historique, que je trouve fascinante, je retiens essentiellement deux idées de cet ouvrage qui propose de voir ces “fabrications numériques” autrement qu’à travers l’habituel prisme alarmiste.

1. Ces fakeries, ou « fabrications numériques » feraient partie intégrante de l’ADN d’Internet. 
Internet s’est avant tout construit comme un espace propice à l’innovation, à la bidouille, à l’expression de créativité individuelle : “The satisfaction of producing something that is both one’s own creation and truly new has been central to the activities of computer hackers, digital artists, media-forensics specialists, and AI researchers throughout the life of the Internet. Now it is enjoyed by nearly everyone on the planet.

2. Les fabrications seraient, d’après Scheirer, davantage satiriques que malveillantes, et permettraient, grâce à l’humour et la dérision, une critique sociale qui serait impensable autrement. 
Dans le cadre d’un projet de recherche en « media-forensics » initié par la DARPA, Scheirer et son équipe de chercheurs et chercheuses ont examiné le web pour étudier des manipulations numériques dans un contexte politique. Leur conclusion était inattendue : bien que le web regorge de fabrications numériques, très peu de ces manipulations était réalisées avec l’intention réelle de tromper les Internautes : “Nearly all of the manipulated political content was in meme form, and it was a lot more creative than we expected.

C’est ce qui amène Scheirer à affirmer que : “much of the political disinformation found online — especially that which appears particularly deranged — is wholly satirical. Importantly, people are turning to alternative forms of expression like memes to make legitimate critiques that they no longer can in public spaces in the physical world.”

Sans toutefois faire l’impasse sur les risques et les enjeux éthiques sous-jacents, Scheirer considère que ces fabrications numériques seraient donc (essentiellement) des vecteurs d’expression et de contestation intrinsèquement liées aux origines du World Wide Web.

Scheirer avait d’ailleurs expliqué, lors d’une interview, “The key thing is don’t go into the internet expecting to find a lot of real things. Treat the Internet as a place for creative storytelling. And look for more authoritative sources if you’re trying to find the actual news.


Scheirer, Walter J. A history of fake things on the Internet. Stanford, California: Stanford University Press, 2024.